Que représente le langage pour l’Homme ?

 

Pour chacun d’entre nous le langage est d’abord un outil qui nous permet de communiquer. C’est ainsi que nous l’utilisons dans la vie quotidienne.  A ce titre le langage apparaît comme un outil utile et efficace pour échanger et interagir avec autrui. Cependant à bien y réfléchir on s’aperçoit que le rôle du langage va bien au-delà de ce simple « outil de communication ».  On a longtemps considéré que la parole était la marque distinctive de l’Humanité ce qui est aujourd’hui remis en question mais demande toutefois à être questionné.  En quoi la parole humaine est-elle différente de la communication chez l’animal ? Si l’on insiste autant sur la spécificité du langage chez l’Homme, c’est qu’il joue un rôle essentiel sur la pensée et la conscience : quel rôle joue véritablement le langage par rapport à la pensée. Pourrait-on penser sans langage ?

Enfin le langage comporte des enjeux importants au niveau social et politique. Le langage peut alors devenir une arme pour attaquer ou se défendre, dominer ou au contraire chercher à s’émanciper : quel est alors le véritable pouvoir de la parole.

 

I / La spécificité du langage humain  

 

Qu’est ce que le langage ?

 

Le langage peut être pris au sens large ou étroit

 

·       Sens large :  le langage désigne tout système de signes permettant de communiquer.

 

 Selon cette définition on peut inclure les paroles mais aussi tous codes qui peuvent servir à communiquer (le braille, le morse, le langage signes, des gestes, les codes avec de la fumée…).  Pour communiquer trois éléments sont nécessaires ; l’émetteur, le récepteur, le code lui-même.  L’Homme fait preuve d’une grande inventivité pour communiquer comme le montre le cas d'Hellen Keller. 

 

Sens étroit :   le langage c’est une faculté qui permet à l’Homme d’exprimer sa pensée à l’aide de signe.

 

 L’Homme a institué des signes linguistiques (parole, écriture) qui lui permettent d’exprimer sa pensée de façon très précise.

La communication par la parole (les mots) est différente des autres formes de communication et c’est sur celle-ci que l’on peut le mieux souligner la spécificité du langage chez l’Homme.

 

Nous allons examiner les caractéristiques de la communication chez l'animal pour souligner les contrastes avec les signes linguistiques (les mots).

 

1) La communication animale :

 

Tout être vivant transmet des signaux.  La communication est nécessaire à la vie et cela  dès le niveau de la cellule, plus petite unité du vivant, qui échange des messages chimiques avec le reste de l’organisme.  Cette communication est très présente a dans le règne animal et est intrinsèquement liée aux fonctions biologiques.    Signaler sa présence aux autres, avertir d’un danger, localiser une source de nourriture. Autant de fonctions liées à la conservation de l’espèce.

Cette communication animale peut prendre des formes très variées. Signaux visuels (couleur) ou sonores (cris, chant), messages olfactifs (odeurs) ou chimiques (phéromones).

Un savant allemand a même cherché à établir comment les abeilles communiquent :

Vor  K.V.Frisch :       Le langage des abeilles.

 

 Les caractéristiques du la communication animale  :  on peut en relever quatre

 

A)  Les signaux du langage animal sont naturels (innés) 

(mis à part peut-être chez certains oiseaux qui apprennent à émettre des cris en entendant leurs géniteurs chanter). Ainsi l’animal dispose du langage dès sa naissance ou peu après. Au contraire, le langage humain est acquis et passe par plusieurs années d'apprentissage. 

 

B)      Ce langage est commun semble-t-il à une espèce (même s’il y a quelques variations). A l’inverse il existe une très grande diversité des langues chez les Hommes au point qu’il leur est très difficile de se comprendre sans traduction s'ils ne parlent pas la même langue.

 

C) Il n’y a pas d’évolution ou très peu au cours du temps (à mettre en comparaison avec l’évolution du langage humain). Ex : on ne comprend pas le vieux Français.

 

D)  Ce langage est constitué d’un nombre limité de signaux. Ces signaux sont incapables de décrire une situation nouvelle. Il faut différencier les signaux de nature physique et les signes linguistiques.  

 

Cette différence permet de comprendre pourquoi il est si difficile d’apprendre aux animaux une langue comparable à celle utilisée par les hommes. Ainsi peut-on citer le cas des GARDNER qui ont tenté d’apprendre le langage des signes à des  chimpanzés; cette tentative connaît un certains sucés mais reste limité. L’animal apprend à reconnaître quelques signes (132)  mais ce langage n’est pas spontané et conserve son caractère forcé.

 

On peut maintenant examiner les caractéristiques du langage humain :

 

2)  Nature du signe linguistique :

 

 Ferdinand de Saussure, le fondateur de la linguistique, a fait progresser la connaissance sur la spécificité du langage humain et un particulier du signe linguistique.  Il montre la spécificité du signe linguistique –c’est-à-dire de la parole et de l’écriture- par rapport à tous les autres systèmes de signes.

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Texte: 

Ferdinand de SAUSSURE -  La nature du signe linguistique :

 

Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire.

Ainsi l'idée de « soeur » n'est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons s-ô-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n'importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l'existence même de langues différentes : le signifié « boeuf » a pour signifiant b-ô-f d'un côté de la frontière, et o-k-s (Ochs) de l'autre

Le mot arbitraire appelle aussi une remarque.  Il ne doit pas donner l'idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant (on verra plus bas qu'il n'est pas au pouvoir de l'individu de rien changer à un signe une fois établi dans un groupe linguistique) ; nous voulons dire qu'il est immotivé, c'est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n'a aucune attache naturelle dans la réalité.

 

                                           Cours de linguistique générale (1906-1911)

 

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A) La double face du signe linguistique

 

Le signe est l’ensemble constitué par le signifiant et le signifié. Le signifiant : le mot, le son .  C’est l’aspect matériel du signe.

Le signifié : le sens, l’idée. C’est l’aspect immatériel du signe

 

Ex : « la table »  Signifiant : mot constitué de 5 lettres

                             Signifié : la représentation mentale de la table.

 

 

On remarque une chose importante le signe linguistique associe des éléments qui n’ont pas la même nature. D’un côté le signe a bien un aspect matériel (le mot écrit, le son entendu) mais d’un autre coté il relève du sens, de la pensé qui n’ont pas cet aspect immatériel.

 

Dans cette définition du signe linguistique se cache un problème important : comment passons nous de la matérialité du signe à son sens qui n’est pas matériel ? 

Il y ici une opération mentale ou psychique très compliquée dont on ne prend plus conscience tellement elle nous est familière. Pourtant cette opération est difficile ; il suffit de rappeler les difficultés de l’apprentissage de la lecture. L’enfant bute sur tous les mots. Il ne comprend pas le sens, il en reste à la matérialité du signe. Les mots restent des choses, des objets curieux. Les mots deviennent des signes que lorsqu’on en comprend le sens. 

 

Ce passage suppose une capacité spéciale de l’intelligence qu’on peut appeler la faculté symbolique par laquelle nous remplaçons le mot pas son sens. Le mot n’est qu’un point d’appui, un tremplin qui nous permet d’accéder au niveau du sens.

 

Cette faculté symbolique reste assez énigmatique : son acquisition doit se faire très tôt. Le cas des enfants sauvages montre qu’au delà de quatre ou cinq ans si on n’a pas appris le langage, on ne pourrait plus développer cette faculté.  L’enfant sauvage de l’Aveyron par exemple n’arrive jamais malgré tous les efforts d’éducation à passer du signifiant au signifié.

 

Par exemple il apprend à montrer des lettres en carton et à les ranger pour composer le mot LAIT. A chaque fois qu’il veut du lait, il apporte les lettres en cartons. Mais ces lettres ne sont pas un signe linguistique pour lui. Ce ne sont que des objets (comme des pièces de monnaie) avec lesquels il peut échanger les lettres en cartons contre le lait. Pour lui « les mots » , ce sont des objets, des choses. Pourtant il n’est pas un attardé, il a une certaine intelligence.

 

Le signe est présence d’une absence. Le langage humain à cette faculté particulière de pouvoir évoquer une chose en son absence.  C’est sans doute une différence essentielle avec la communication animale.

Les brebis se mettent à bêler quand elles sentent un loup approcher (le signal est une réponse à un stimuli sensoriel). L’humain peut écrire des contes raconter des histoires avec des loups sans jamais en avoir rencontré. Le signe linguistique n’est pas de l’ordre de la réaction physique. Avec le langage on entre dans un autre univers que le monde physique. Le langage crée un monde qui lui est propre.

L’univers du discours. Nos paroles sont des réponses à d’autres paroles. Parler suppose qu’on nous est déjà parlé. Dans le langage se profilent l’importance de l’Autre. Dans le langage il y a la présence des Autres, d’une communauté, d’une famille, d’une société…

 

 

B) Le caractère arbitraire du signe linguistique

 

Dans le texte Saussure insiste sur un caractère fondamental des signes linguistiques, qu’on appelle l’arbitraire du signe (le fait qu’il n’y ait aucune obligation naturelle d’appeler une pomme « pomme » ; il est, en effet, possible de l’appeler apple, Apfel, mela,.).

 

Distinction arbitraire/ conventionnel

Arbitraire : que dépend du caprice de chacun ; on ne peut pas changer le sens d’un mot sans être incompris.

Mais la langue évolue. La langue : production sociale. Faite par personne en particulier.

 

 

c) la double articulation

 

André Martinet propose comme trait spécifique du langage humain ce qu’on nomme la  double articulation . On entend par là que les langues naturelles humaines paraissent être les seuls langues construites sur la combinaison d’unités signifiantes elles mêmes appuyées sur la combinaison d’unité non signifiante.

 

Le message  linguistique est construits par des suites d’unités minimales dites significatives (ou monèmes ; ou morphèmes dans la terminologie anglo-saxonne), unités à deux faces, une face signifiante et une face signifiée. « Le train file vite » contient quatre de ces unités, quand on néglige quelques subtilités dans l’analyse de « file ». Grâce à cette première articulation, le nombre des messages possibles est infiniment plus grand que si chaque message devait posséder un signifiant totalement distinct.

 

 

Ces unités, à leur tour, sont construites au moyen d’unités plus petites, non signifiantes mais distinctives, les phonèmes. Le mot « file » en contient trois : [f, i, l]. Ces unités de deuxième articulation, toujours en petit nombre dans une langue – entre vingt et cinquante –, permettent de construire des milliers de monèmes

 

La double articulation rend certainement compte en grande partie, sinon en totalité, de cette propriété si mystérieuse des langues humaine: l’extraordinaire quantité de messages possibles, au moyen d’une double économie dans la structuration par rapport à ce que peuvent tous les autres systèmes de communication

 

On ne peut pas décomposer un cris (on ne peut pas décomposer le signal) . Inversement on peut décomposer la parole en des unités plus petite les mots ou des expressions .  Ces mots peuvent être décomposés  plus petites : syllabes. Le langage humain est comparable à un  « jeu de légo » : on peut construire une infinité de signification à partir d’un petit nombre d’éléments.

 

D) La diversité des fonctions

 

Les fonctions du langage sont multiples et ne peuvent se réduire à des seules fins utilitaires. On peut examiner toute l’étendue des fonctions du langage si on examiner ce qu’il représente pour l’écrivain, le scientifique, le philosophe.

 

- Fonction utilitaire : montrer, désigner, informer

- Fonction  sociale : Reconnaître l’autre (politesse) mais aussi  intimider, commander, dominer

- Fonction émotive : Emouvoir, Séduire, Traduire des sentiments

- Fonction cognitive : raisonner, comprendre, apprendre

- Fonction  réalisante    : prise de conscience/ L’identité narrative du sujet.

 

Dans une certaine mesure ; dire, c’est faire  (distinction ; en parole et dans les faits)

Dire du mal à c’est effectivement faire mal

Dire « je promets »  -> C’est effectivement prendre un engagement

Ecrire un raisonnement : c’est raisonner

 

Sur l’aspect technique des fonctions linguistiques -> voir Jakobson

 

 

 

à Exercice : Que représente le langage pour l’écrivain, le scientifique, le philosophe ?

 

Pour l’écrivain, le langage permet d’émouvoir et de transmettre des sentiments. Pour le scientifique le langage naturel est source d’ambiguïté tandis que les langues formelles permettent de clarifier le raisonnement, de partager les connaissances et constitue surtout un outil de recherche. Pour le philosophe enfin le langage est source de l’illusion (sophiste) mais qu’il est un passage nécessaire pour atteindre le vrai (on ne peut avoir raison tout seul, il faut confronter sa pensée avec celle des autres et donc en passer nécessairement par le langage).

 

 

II/  Le langage et la pensée

 

 

III / Le langage et le pouvoir

 

 La parole exerce un pouvoir d’influence considérable dans les domaines de la politique, de la Justice et plus largement dans les échanges humains. Un simple mot qui, d’un point de vue physique n’est qu’une petite vibration de l’air, peut déclencher la colère, le rire, l’amour.  Un discours prononcé par un chef d’Etat est susceptible provoquer une révolte, une guerre.

 Il est alors intéressant de mieux comprendre les rapports qui unissent le langage et le pouvoir.

 

Quels sont les rapports entre le langage et le pouvoir ?

 

 

1/ Parler et agir

On oppose bien souvent la parole et l’action pourtant dans certaines situations parler, c’est agir et le pouvoir de la parole peut devenir aussi puissante que celle des actes. Cette idée, mise en avant dès l’Antiquité, se trouve remise en évidence avec la distinction opérée par le linguiste Austin (1911-1960) entre les énoncés performatifs et les énoncés constatifs.

 Austin dans son œuvre Quand dire, c’est faire ( 1955) met en avant dans le langage des énoncés d’un type particulier, les énoncés qu’il nomme des performatifs (traduction de l’anglais « to perform » qui signifie accomplir , réaliser) et qu’il distingue des énoncés  « constatifs »  du type: «  il pleut  aujourd’hui ». Les énonces performatifs   sont des paroles qui sont en même temps des actes.   Voici des exemples :

Lors d'un mariage, le maire dit aux deux fiancés « je vous déclare mari et femme », il ne se borne pas à constater cette union : il la réalise par le fait même de prononcer cette phrase. Il existe ainsi dans le langage des propositions qui  ne sont, à proprement parler vraies ou  fausses. Ces énoncés, tels que « vous pouvez disposer » , « je déclare la cérémonie ouverte » ou « je promets de rendre l'argent », n'ont pas pour but de transmettre une information (« je suis ici ») ou de décrire la réalité (« la table est verte »), comme le font les énoncés «constatifs», mais de faire quelque chose. 

Certaines paroles sont donc des actes, elles ont une réelle efficacité. Mais d’où vient le pouvoir des mots ? Il existe un débat sur cette question.  Deux thèses peuvent être mises en avant.

 

A-   Le pouvoir du mot est externe au langage lui-même. C’est la position sociale de l’individu qui détermine  la force de ses paroles (lorsqu’un juge : « vous êtes condamné à six mois de prison » par exemple , sa sentence est un acte qui prend effet par l’existence d’institutions sociales (police, justice, Etat). En dehors des institutions sociales, ces paroles n’ont aucun effet.

 

B-   Le pouvoir des mots est interne au langage lui-même.

 

-       Bien parler, avoir une bonne rhétorique exerce une influence, séduit, « envoute » celui qui l’entend. La plaidoirie d’un avocat pourra influencer les décisions du juge par exemple s’il arrive à convaincre ou à persuader grâce à son discours de l’innocence de son client

 

 

-       Sur le plan psychologique, on sait que certaines paroles ont un effet placebo.  Il suffit parfois de se dire « tout va bien » pour que l’angoisse disparaisse.

                           

Nous allons examiner ces deux thèses dans les parties qui suivent.

 

2/ Le langage : un reflet des hiérarchies sociales et des rapports de pouvoir entre les agents sociaux.

 

La sociologie insiste sur l’origine externe du pouvoir des mots sans nier pour autant la force de séduction des discours.

 

Le sociologue Pierre Bourdieu dans son ouvrage Ce que parler veut dire (1982) souligne que la parole est le reflet du pouvoir d’un individu dans un champ social. 

« Dès que l’on parle, on dit ce que l’on dit mais on dit aussi par la manière de dire la valeur de ce qu’on dit »

 

Tout d’abord l’individu est jugé par rapport à sa façon de s’exprimer et l’on peut citer par exemple les niveaux de langue (familier, courant, soutenu).  L’individu est immédiatement catégorisé en fonction de sa manière de parler (aujourd’hui on trouve les catégories « blédard », « banlieusard » par exemple). Ce jugement implicite valorise ou dévalorise le discours de celui qui les prononce. On peut d’ailleurs souligner que cette appréciation diffère en fonction des milieux sociaux.  Un discours jugé trop « technocratique » sera peu apprécié dans un milieu populaire. 

 

Il faut aussi souligner que l’importance accordée à la parole dépend de l’autorité de celui qui s’exprime. Ainsi dans notre société, nous avons tendance à reconnaitre l’autorité des experts et des scientifiques. Leurs paroles prennent aux yeux du public plus d’importance et de valeur que celles prononcées par les personnes dont le statut n’est pas similaire (on peut noter que les processus de légitimation sont eux-mêmes très complexes) .  Les paroles du pape par exemple (chef de l’Eglise catholique) n’auront pas le même poids en fonction des convictions des individus.

La société attribue par ses hiérarchies sociales une autorité différente aux personnes et donc à leurs paroles. Logiquement, les inégalités qui sont présentes dans la société se traduisent par une inégalité d’accès à la parole qui est inégalement distribuée  selon le sexe, l statut social, le niveau socio-culturel. La parole dominante est celle des dominants.  Les expressions « prendre la parole » et « donner la parole » montrent bien que la parole est bien un « bien » qui fait l’objet de luttes et d’enjeux politiques

 

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Un exemple : le bâton de parole dans les tribus nord -amérindiennes.

  Lors d'un conseil de la tribu, le bâton de parole est passé d'un des membres de l'assemblée à un autre, seul celui qui tient le bâton ayant droit à la parole. Ceci permet d'assurer que tous les membres du conseil seront entendus, et notamment ceux qui pourraient craindre de prendre la parole. Le conseil peut, de façon consensuelle, décider de faire passer le bâton de parole à un autre membre pour éviter que le débat ne soit dominé par les plus prolixes. D'autre part, celui qui tient le bâton peut autoriser d'autres membres du conseil à intervenir.

 

Prolongez la réflexion :

 Pense- vous que le micro dans les sociétés contemporaines puisse être présenté comme l’équivalent du bâton de parole ?

Pensez-vous que le développement des réseaux sociaux démocratisent la parole ?

 

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B/ La parole permet d’exercer une influence

 

 Le pouvoir de la parole n’est pas seulement lié aux institutions sociales. La maitrise du discours permet d’agir sur la pensée d’autrui. Elle communique des émotions qui peuvent influencer le jugement.  Maitriser le pouvoir de la parole devient alors un enjeu important pour défendre une cause ou ses propres intérêts.

Ce pouvoir du langage est mis en avant par les sophistes dans l’Antiquité tel que Gorgias.

 

 

 

 

 

 

 


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                                       TEXTE :

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SOCRATE. - À toi, maintenant, Gorgias. La rhétorique se trouve exercer son action et son autorité entièrement par le discours, n'est-ce pas?

GORGIAS. - Oui.

SOCRATE. - Dis-moi alors à propos de quoi. Quelle est parmi les choses existantes celle sur laquelle portent les discours dont se sert la rhétorique ?


GORGIAS. - Les plus grandes et les meilleures des choses humaines, Socrate.


SOCRATE. - Mais Gorgias, ce que tu dis est ambigu et n'est en rien clair jusqu'ici. Je pense que tu as entendu chanter dans les banquets ce refrain dans lequel le chanteur passe en revue les biens : le premier consiste à être en bonne santé, le second à être beau, le troisième, selon la formule du refrain, à s'enrichir sans malhonnêteté.

GORGIAS. - Je connais la chanson. Mais que cherches-tu à me dire ?

 SOCRATE. - Ceci, que les artisans de ces biens dont l'auteur du refrain  fait l'éloge - le médecin, le pédotribe, le financier t interpelleraient aussitôt.


Le médecin, le premier, dirait: « Socrate, Gorgias t'abuse. Ce n'est pas son art qui s'occupe du plus grand bien des gens, mais le mien. »


Et si moi-même alors je lui disais : «Mais toi, qui es-tu pour dire cela?», Il répondrait, je suppose, qu'il est médecin.

«Que veux-tu dire? C'est ton art qui oeuvre au plus grand bien ? »
« Comment ne serait-ce pas la santé, Socrate? me répondrait-il sans doute. Est-il un bien plus important pour les hommes que la santé?»


Là-dessus, le pédotribe à son tour dirait: «Je serais étonné moi aussi, Socrate, que Gorgias puisse te démontrer que son art produit un bien plus grand que celui que je peux démontrer dans le mien. »

Je me tournerais cette fois vers lui: «Qui es-tu donc, toi, et que fais tu? »
«Je suis pédotribe, dirait-il, et mon métier est de façonner des hommes  beaux et forts  »


Après le pédotribe, le financier dirait, plein de mépris, j'imagine, à l'égard de tous les autres : ,Regarde, Socrate, si le bien qu'on peut trouver auprès de Gorgias ou de n'importe qui d'autre te paraît plus important que la richesse. »
Je m'adresserais alors à lui: « Quoi? Ce sont des richesses que tu produis? » Il acquiescerait.
« Qu'es-tu ? »
« Financier. »
«Alors? Tu juges que la richesse est pour les hommes le plus grand  bien?» lui dirions-nous.
«Comment ne le serait-ce pas?» reprendrait-il.
« Mais Gorgias, là, proteste en disant que son art est la cause d'un plus grand bien que le tien », lui répondrions-nous.
Il est évident qu'après cela il dirait: «Et quel est ce bien? Que Gorgias  réponde. »


Eh bien, Gorgias, imagine que nous te demandions, eux et moi, de nous dire enfin ce que tu affirmes être pour les hommes le plus grand bien et que tu prétends pouvoir produire.


GORGIAS. - Cela même, Socrate, qui est réellement le plus grand bien:  ce qui procure aux hommes à la fois la liberté et le pouvoir de dominer les autres dans leurs cités respectives.
SOCRATE. - Que veux-tu dire par là ?
GORGIAS. - Je veux dire : être capable par des discours de persuader les juges au Tribunal , les conseillers au Conseil, le peuple assemblé à l'Assemblée et dans toute autre réunion qui soit une réunion de citoyens. En vérité, grâce à ce pouvoir tu feras de ton médecin ou de ton pédotribe un esclave; quant au financier , c’est pour toi qu’il travaillera    non lui-même,  toi qui sais parler et persuader la foule.

Platon, Gorgias (vers 390 av. J.-C.), 451 d-452 e, trad. 

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Ce texte est révélateur de la pensée des Sophistes dont Gorgias est l’un des principaux représentants (sur les sophistes voir le cours d’introduction du début d’année)

Maitriser la puissance du discours rend capable de dominer tous les individus et d’en faire des esclaves.  Gorgias prétend même dans un autre extrait que c’est le sophiste (celui qui maitrise les techniques de la persuasion) qui pourra convaincre le malade d’avaler son traitement tandis que le médecin n’arrivera tant les remèdes ont mauvais goût ; Il pourra exhorter les jeunes   à faire leurs exercices physiques (pour avoir un beau corps)   et  permettre au financier (ce terme désigne probablement un prêteur d’argent) de récupérer son argent avec les intérêts auprès de ses débiteurs.

Ainsi sans aller jusqu’à soutenir que la rhétorique puisse remplacer les autres métiers, il explique que chaque métier a besoin de la rhétorique pour s’exercer de la meilleure façon qui soit  ce qui est une autre façon d’affirmer que tout un chacun devrait suivre ses cours (qu’il monnayait très cher).

Bien que Socrate conteste la toute  puissance de la rhétorique puisque contrairement aux hommes de métiers, le sophiste ne sait à proprement parler rien faire d’autre que de parler, on est forcé de reconnaître que savoir bien parler est un avantage incontestable pour parvenir à ses fins.

Sur le plan politique, le pouvoir du langage est d’autant plus important dans un cadre démocratique puisque que le suffrage du peuple dépend en large part des capacités oratoires des dirigeants ou de ceux qui briguent le pouvoir.

 

Ce pouvoir du langage devient l’objet d’étude et Cicéron à la suite d’Aristote expose des préceptes à suivre :

 

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Texte de Cicéron sur l’éloquence

 

 

 

Cicéron dresse ici la liste des tâches que doit accomplir l'orateur pour composer son discours.

 

L’éloquence exige de posséder une foule de connaissances variées [...] ; il faut connaître à fond toutes les passions que la nature a mises dans le cœur de l’homme, puisque l’unique but du discours est d’émouvoir ou calmer les âmes des auditeurs. À ces qualités, il faut joindre une certaine grâce, à une douce gaieté, la culture d’un homme bien né, la rapidité et la précision dans la réplique ou l’attaque, unies à l’élégance et à la courtoisie. L’orateur saura aussi précisément l’histoire des temps passés, afin de s’appuyer sur l’autorité des exemples ; et il ne négligera pas non plus l’étude des lois et du droit civil. [...]

J’ai appris [...] que toutes les tâches de l’orateur se divisent en cinq parties : d’abord trouver les matériaux de son discours ; puis, une fois trouvés, non seulement les ranger mais les disposer en fonction de leurs degrés d’importance, et les répartir avec perspicacité ; les embellir des ornements ; ensuite les fixer dans sa mémoire ; enfin, les dire avec grâce et avec noblesse. -

J’ai encore appris que dès le début, avant d’arriver au fait, il faut se concilier les auditeurs, puis exposer le fait, établir le point de la question à débattre, confirmer sa thèse, réfuter les objections des adversaires ; enfin, dans la dernière partie du discours, amplifier et rehausser ce qui nous est  favorable, atténuer et détruire ce qui nous est contraire.

J’avais aussi étudié les moyens d’embellir un discours : d’abord la pureté et la correction du langage ; ensuite, la netteté et la clarté ; puis l’élégance ; enfin, la bienséance et la convenance du style avec le sujet.

 

Cicéron, Sur l’orateur, I, 5 et I, 31-32 (extraits), traduction C. Laimé.

 

La rhétorique devient un art très codifié comme on peut le voir dans les manuels qui décrivent avec précision les procédés à suivre.

 

 

 

Pour persuader, l’orateur dispose de trois ressources, et il a le devoir d'y recourir :

 

 -> instruire, informer (docere) par la rigueur de son argumentation ;

-> plaire, charmer (delectare) par la qualité de son style ;

-> émouvoir (movere) par l’humour et le pathétique, f

 

 

Les cinq parties de la rhétorique

I/  Invention (inventio) : trouver les arguments.

 

II/  Disposition (dispositîo) : ordonner les arguments trou­vés : plan du discours.

 

III/Élocution (elocutio) : style, ornementation (les mots et les figures).

 

IV/  Mémoire (memoria) : fixer dans l’esprit le discours pour s'en souvenir.

 

V/ . Action (actio) : prononcer, jouer le discours (attitude, U gestes, diction).

 

Les quatre moments du discours (dispositîo)

 

I// Exorde (exordium) : introduction.

A La « capture » de l’attention des auditeurs (captatio benevolentiae).

B La division (partitio) : annonce du plan.

 

II/  Narration (narratio) : exposé des faits. Elle doit être :

- sobre, claire, vraisemblable et brève ;

-fonctionnelle : prépare l’argumentation (présente une version favorable des faits).

 

III/ Argumentation (confîrmatio).

 

A : Proposition : (re)défmition du point à débattre.

B :  Argumentation : exposé des arguments.

C : Réfutation : réfutation des arguments de la partie adverse.

 

IV/ : Péroraison (peroratio) : conclusion.

 

Reprise/résumé des arguments.

 

Couronnement : ultime appel à la sensibilité, fin vibrante.

 

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Le langage par les procédés de la rhétorique permet d’exercer une influence, de défendre ses intérêts ou des causes.  On aurait tendance à le considérée comme un outil de persuasion, et de manipulation destiné à la propagande (voir le texte d’Orwell plus bas.Pourtant on peut aussi qu’il constitue un outil essentiel de la vie politique et démocratique.

 

3 Le langage permet d’organiser le pouvoir.

 

Les règles de vie et les hiérarchies existent dans toutes les espèces animales. La place de « l’individu » est déterminé génétiquement ou bien lorsque ce n’est pas le cas, c’est la loi du plus fort  qui domine.   Chez les Hommes la nature n’a pas elle-même fixé les structures sociales et même si la loi du plus fort n’est pas absente, la complexité des interactions humaines la rend plus complexe à exercer. Mille personnes de force moyenne l’emporteront aisément sur un seul individu fut il doué d’une force exceptionnelle.

La parole devient dès lors l’élément fondamental par lequel les hommes peuvent organiser le pouvoir et la société, se donner des règles et débattre de leur utilité.

 Ainsi la formule l’ « Homme est un animal politique » reste célèbre. La politique apparaît avec l’Homme qui doit mettre en place des règles de vie commune :

 

Comme nous le disons, en effet, la nature ne fait rien en vain; or seul parmi les animaux l'homme a la parole (logos). Sans doute les sons de la voix (phonè) expriment-ils la douleur et le plaisir; aussi la trouve-t-on chez les animaux en général : leur nature leur permet seulement de ressentir la douleur et le plaisir et de se les manifester entre eux.  Mais la parole , elle, est faite pour exprimer l'utile et le nuisible et par suite aussi le juste et l'injuste. Tel est, en effet, le caractère distinctif de l'homme en face de tous les autres animaux : seul il perçoit le bien et le mal, le juste et l'injuste, et les autres valeurs ; or c'est la possession commune de ces valeurs qui fait la famille et la cité.

 

                                                                                                                               Aristote, Politique, Livre I

 

Aristote par un raisonnement finaliste indique que la nature ne fait rien inutilement ou en vain. Or, elle a donné à l’Homme des capacités exceptionnelles au niveau du langage. Les animaux peuvent exprimer par leurs cris le  plaisir et la douleur qu’ils ressentent mais le langage articulé et la voix donnent à l’Homme la capacité de s’exprimer sur ce qui lui semble utile et juste.

Or , c’est justement un point essentiel pour qu’une vie politique puisse se mettre en place car la Cité (Polis en grec) n’a pas seulement pour vocation d’assurer la survie économique (la famille au sens élargie pourrait suffire) mais de définir les conditions d’une vie bonne et heureuse. L’Homme a besoin de cette vie politique pour développer complètement ses aptitudes.

Dans ce contexte, la parole peut permettre d’échanger, de débattre et de chercher à convaincre du bien fondé de ses idées  sans avoir recours ni à la force ni à la violence.

C’est se sens noble de la politique conçue comme recherche du « bien commun »   qui prédomine dans la pensée d’Aristote. Au cœur de celle-ci, le langage est la pièce maitresse des échanges.  La loi qui résulte de ces débats est écrite et ainsi parfaitement connue des citoyens. Elle donne un cadre commun favorisant l’isonomie (l’égalité de tous).  Les institutions dans lesquelles s’exercent le pouvoir politique sont des lieux de parole où chacun peut débattre, s’exprimer, se défendre. 

Cette vision certes idéalisée de la politique peut constituer un idéal régulateur pour les sociétés :  remplacer les échanges de coups par des échanges de paroles qui, même lorsqu’ils restent vifs, peuvent permettre d’établir un dialogue propice à la résolution des conflits.

Aristote souligne que chaque citoyen peut se prononcer sur les valeurs (le bien et le juste) ainsi que pour ce qui utile contrairement aux autres domaines où l’avis des experts est plus recommandable. C’est même devant le peuple que ceux qui ont exercé les charges publiques devons rendre des comptes comme l’indique le texte  suivant :

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Un choix correct est l'affaire de ceux qui savent ; par exemple choisir un géomètre est l'affaire de ceux qui savent la géométrie, choisir un pilote, de ceux qui savent le pilotage. Car si certains travaux ou certains arts sont quelquefois pratiqués par des hommes étrangers à ces professions, toujours est-il que c'est plutôt le fait de ceux qui savent. De sorte que, suivant cette manière de raisonner, ce ne serait pas la multitude qu'il faudrait rendre maîtresse du choix et de la reddition de comptes des magistrats (1). Mais peut-être aussi que cette objection n'est pas très juste, à moins qu'on ne suppose une multitude par trop abrutie. Car chacun des individus qui la composent sera sans doute moins bon juge que ceux qui savent ; mais, réunis tous ensemble, ils jugeront mieux, ou du moins aussi bien. Ensuite, il y a des choses dont celui qui les fait n'est ni le seul ni le meilleur juge ; ce sont tous les ouvrages que ceux mêmes qui ne possèdent pas l'art peuvent connaître : pour une maison, ce n'est pas seulement à celui qui l'a bâtie qu'il appartient de la connaître ; celui qui s'en sert en jugera aussi et mieux ; et celui-là, c'est celui qui tient la maison. Le pilote, de même, jugera mieux d'un gouvernail que le charpentier ; un festin, c'est le convive qui en juge et non le cuisinier. C'est ainsi qu'on pourrait résoudre d'une manière satisfaisante l'objection proposée. (1) Dans la cité démocratique grecque, les magistrats devaient, en fin de mandat, rendre compte de leur gestion devant le peuple ou un jury populaire.

ARISTOTE

 

1/ Dans la cité démocratique grecque, les magistrats doivent en fin de mandat, rendre compte de leurs décisions devant le peuple.

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Bilan :

Nous avons vu les rapports étroits qui unissent le langage et le pouvoir :

Le langage exprime les rapports de pouvoir établit dans les sociétés (Bourdieu)  mais il permet également d’exercer un pouvoir d’influence et de « prendre le pouvoir » (Gorgias, Cicéron) , enfin il est la cé qui permet d’organiser le pouvoir  dans la société en dépassant les simples rapports de force.  Son exercice est la condition même d’une vie politique (Aristote).

 

Prolongements : 

 

La puissance des mots :

 

 

 

Le romain 1984 de George Orwell publie en 1949 est une dystopie qui décrit une société totalitaire dans laquelle le dirigeant qu’on nomme  Big Brother contrôle les actes mais aussi les pensées de chaque individu.  Pour accentuer l’emprise du système le ministère de la Vérité réécrit l’Histoire en fonction  des décisions du Parti, une nouvelle langue est imposée à la population, la Novlangue.  L'idée fondamentale du novlangue est de supprimer toutes les nuances d'une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l'influence de l'Etat, car le discours manichéen permet d'éliminer toute réflexion sur la complexité d'un problème : si tu n'es pas pour, tu es contre, il n'y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements à l'affect, et ainsi d'éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l'État.
L'idée sous-jacente au novlangue est que si une chose ne peut pas être dite, cette chose ne peut pas être pensée durablement
faute de renforcement par l'échange du dialogue 

La novlangue renforce le conditionnement mental qui change le sens des mots pour faire accepter l’idéologie du système  :  La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.

                                                  
Dans son livre  La politique et la langue anglaise, Orwell revient une nouvelle fois sur ce thème du langage :   

 

 

 

Dans une large mesure, le discours et l'écriture politiques consistent, à notre époque, à défendre l'indéfendable. Certes, des choses comme la perpétuation de la domination anglaise en Inde, les purges et les déportations en Russie, le largage de

bombes atomiques sur le Japon peuvent être défendues : mais elles ne peuvent l'être que par des arguments si brutaux que peu de gens pourraient les regarder en face. De toute façon, ces arguments ne cadrent pas avec les objectifs que disent poursuivre

les partis politiques. C'est pourquoi le langage politique doit pour l'essentiel être constitué d'euphémismes, de pseudobanalités et de vaporeuses ambiguïtés. Des villages sont-ils bombardés depuis les airs, leurs habitants forcés de fuir vers la

campagne, leurs troupeaux passés à la mitrailleuse, leurs huttes brûlées avec des balles incendiaires? Cela s'appellera pacification.

Vole-t-on leurs fermes à des millions de paysans qui doivent dès lors fuir sur les routes en n'emportant avec eux que ce qu'ils pourront porter? Cela s'appellera transfert de population ou reconfiguration des frontières. Des gens sont-ils emprisonnés

des années durant sans avoir subi de procès? D'autres reçoivent-ils une balle dans la nuque ou sont-ils envoyés mourir du scorbut dans des camps en Arctique? Cela s'appelle suppression d'éléments indésirables.

 

Orwell Politics and theEnglish Language, 1946.  

 

 

 

 

 

 

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Voir la vidéo -  Annabac philo -  Peut-on penser sans langage ?


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