ATTENTION    :    LIRE  EGALEMENT  LE COURS SUR LA MORALE

 

 Qu’est ce que le devoir ?

 

 

 

La notion de devoir évoque l’idée de contrainte, lorsqu’on doit faire quelque chose c’est qu’on en a pas spontanément envie. ( L’élève dit qu’il doit faire ses devoirs, l’employé qu’il doit se lever pour aller au travail, le citoyen qu’il doit payer ses impôts…)

 

 Le devoir s’oppose ainsi semble -t-il au désir et même à la liberté entendue comme réalisation du désir. (faire ce que l’on veut comme le dit l’expression courante). Il pourrait même remettre en cause le bonheur personnel (le devoir conduisant au sacrifice). Le devoir s’oppose -il ainsi au bonheur et à la liberté ?

 

 

 

    Obligation et contrainte

 

 

 

     Accomplir son devoir ne fait pas nécessairement plaisir pour autant il faut distinguer le devoir de la pure contrainte extérieure.  Rousseau le souligne dans un texte du Contrat Social lorsqu’il évoque le prétendu droit du plus fort. Si une personne obtient par la force que l’on obéisse à ses ordres cela ne fonde aucun un devoir de lui obéir. Rousseau prend l’exemple d’un voleur qui menace un passant avec une arme et exige de lui qu’il lui donne son argent. Il s’agit d’une contrainte qui repose sur la force, si le passant a le  pouvoir de désobéir (par exemple en prenant la fuite ou  en utilisant une autre ruse) , il est tout à fait  dans son « droit ».  Rousseau en conclu qu’on a un devoir d’obéissance qu’envers une  autorité  légitime. 

 

 

 

Prenons maintenant un second exemple :  si un ami qui nous a beaucoup aidé financièrement nous demande de lui rendre service à notre tour, nous allons ressentir sans doute une « obligation ». Celle-ci nous la ressentons dans notre conscience, rien ne nous contraint à lui venir en aide, on pourrait très bien refuser en invoquant des prétextes. Pourtant dans la plupart des cas, nous lui viendrons en aide surtout s’il s’agit d’une personne proche.

 

 L’obligation vient donc de la conscience de la personne qui fait le choix d’obéir ou pas à ce qui sa conscience lui dicte. On se sent obligé, on agit volontairement même si cela s’oppose à nos envies parce qu’on sait que c’est ce qu’on doit faire, qu’il s’agit d’une chose bonne et juste. Le devoir est donc lié à la conscience morale de l’individu.

 

 

 

 

 

Pourquoi obéir aux devoirs ?

 

 

 

Pourquoi ressentons nous des devoirs ?  Le mot devoir vient du latin « debere » qui signifie dette. Ainsi l’on pourrait croire que ressentir un devoir, c’est comme avoir une dette envers une personne, ou envers la société, ou encore envers Dieu. Il faudrait ainsi s’acquitter de cette dette en accomplissant ses devoirs.   C’est souvent ainsi que l’on explique les devoirs du citoyen. Si la société nous aide et nous protège cela crée une sorte de dette que nous devrions à notre tour payer quand la société a besoin de nous. (impôts, service miliaire…).  Ainsi obéir au devoir apporterait une sorte de « satisfaction psychologique ».

 

 

 

On peut aussi obéir au devoir uniquement par intérêt. Si une personne respecte ses devoirs religieux par exemple et qu’elle pense uniquement aux récompenses que Dieu lui apportera dans l’au-delà , elle respecte ses devoirs mais en pensant surtout à son profit personnel. Il en est de même pour les devoirs moraux.

 

 

 

Agir par devoir et conformément au devoir

 

 

 

Kant distingue l’action conforme au devoir et l’action accompli par devoir .   Un commerçant peut être honnête pour deux raisons : pour avoir une bonne réputation (l’action est alors conforme au devoir) ou bien par simple souci de l’honnêteté (action accomplie par devoir). C’est seulement l’intention qui différencie ces deux actions. Ainsi pour Kant l’action est vraiment morale quand elle est désintéressée (on ne pense pas à soi, ou aux conséquences).  

 

Cela conduit Kant à distinguer le devoir moral de tous les autres devoirs qui restent liées à des intérêts.

 

Les devoirs liés à une fonction ou même à un engagement ne sont pas encore le de voir moral. Car le véritable devoir est à la fois distinct de tout mobile  égoiste (faire mon devoir ne me rapporte rien) et indépendant de tout contexte ou condition particuliers. Il se présente sous la forme de ce que Kant nomme l’impératif catégorique, qu’il oppose aux impératifs hypothétiques, règles d'habileté ou conseils de prudence (ex. : «J’éviterais de mentir...dans la mesure du possible »). L’impératif caté­gorique tient dans la formule suivante : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » (.Fondement pour la métaphysique des mœurs). En d’autres termes, le devoir n’est que l’intention et la volonté de bien faire, exigence purement désintéressée, simplement motivée par le respect de la loi morale et, plus précisément, du caractère uni­versel de celle-ci.

 

 

 

Les conflits de devoirs :

 

     La réflexion kantienne sur les fonde­ments de la moralité, aussi éclairante et rigoureuse soit-elle, permet-elle pour autant de lever toutes les difficultés et de résoudre tous les conflits et embarras de notre vie morale quotidienne ? Il est per­mis d’en douter. Aujourd'hui, par exemple, les choix auxquels se trouvent parfois confrontés médecins et savants, compte tenu des développements récents de la recherche biomédicale, posent des problèmes qu’on peut diffi­cilement résoudre a priori, en appli­quant systématiquement des principes incontestables. Une approche utilitariste (philosophie morale qui envisage l’intérêt du plus grand nombre plutôt que les principes) l’emportera parfois sur une posi­tion de principe : toutes les personnes doivent être tenues pour des fins en soi ; néanmoins, en cas de choix forcé — greffe d’organe par exemple le méde­cin sera tenté de donner la priorité à un malade jeune et ayant plus de chances de survie.

 

On le voit, ni les conflits de devoir, ni l’existence même de règles morales déjà établies ne peuvent éviter de se poser la question du devoir. Les sciences et des tech­niques nous mettent chaque jour en face de nouvelles responsabilités et de nou­veaux devoirs plus souvent incompa­tibles que conciliables.