FICHE REVISION :  LA TECHNIQUE

 

Le XXème siècle est marqué par l’apogée de la puissance technologique de l’Homme. Hiroshima marque un tournant : l’Homme est désormais capable d’anéantir toute vie sur terre. « La promesse de la technique moderne s’est inversée en menace » écrit Hans Yonas.  Les films d’anticipation présentent également des dystopies dans lesquelles l’Homme est dominé par les machines et les technologies qu’il a mis au point (voir la série Black Mirror).  Le progrès technique doit-il être alors considéré comme une menace ou bien au contraire comme une opportunité qui peut permettre aux Hommes de résoudre les problèmes auxquels ils doivent faire face ?

 

 

I / Les sens du mot technique

1.   Technique et  savoir faire

 

Le mot technique vient du grec Technè qui signifie le savoir-faire.  Ce mot Technè  est traduit en latin par le  terme « ars »  qui a donné artisan. Les techniques désignent des règles à suivre pour réaliser une fin. (ex :  Le pâtissier met en œuvre différents techniques pour réaliser ses gâteaux).  Les techniques peuvent être associées à des gestes physiques (le dribble du footballeur) ou par extension à des règles d’action (les techniques de l’orateur) ou à des méthodes intellectuelles.  Dans tous les cas, des règles qui ont montré leur efficacité sont mises en œuvre.

 

2.    Techniques et outil

 

Par extension les techniques désignent les outils et les machines que l’Homme a créé. Les historiens distinguent trois âges des techniques : l’ère de l’artisanat, l’ère industrielle et celle des nouvelles technologies.

 

3.     Technique et technologie

 

La technologie désigne les applications concrètes des découvertes scientifiques. L’idée que la science doit favoriser le progrès technologique apparaît au 17ème siècle avec la nouvelle conception de la science mise en avant par Descartes. La science doit alors « rendre l’Homme comme maître et possesseur de la nature ». (Descartes).

 

 

II / L’Homme et l’outil

 

L’utilisation des techniques et l’une des caractéristiques de l’Homme qui crée, conserve, répare perfectionne systématiquement ses outils pour rendre ses actions plus efficaces. L’utilisation des outils semble absente ou moins développée chez les autres espèces. Comment cette différence est-elle expliquée ?

 

1 Le mythe de Prométhée : la technique : la force du faible.

 

Platon relate le mythe de Prométhée.  Lorsque Zeus décide de peupler la terre, il demande aux deux Titans Prométhée et Epiméthée de créer toutes les créatures. Epiméthée distribue à tous les vivants des armes et des  qualités pour se défendre. Aux unes, il donne des cornes, aux autres une carapace pour se protéger aux autres encore des ailes pour fuir. A la fin toutes les espèces étaient harmonieusement équilibrées mais Prométhée s’aperçu que l’Homme avait été oublié dans cette distribution. Or c’est le moment où il va naitre et sortir de la terre tout nu, sans arme et sans défense. Il n’a aucune chance de survie.  Prométhée décide alors d’aller voler le feu aux Dieux et de le donner aux Hommes. Grace au feu et à l’habilité technique, les Hommes peuvent alors se protéger des animaux sauvages et faire fondre des métaux pour produire des armes.  Les outils que l’Homme crée compensent alors ses faiblesses naturelles et lui permette de survivre et même de dominer les autres espèces.

 

 

 

2. L’outil : le signe de l’intelligence de l’Homme

 

Aristote reprend à son compte l’idée que l’Homme est le seul être vivant qui crée ses outils mais il attribue cette faculté à son intelligence.  Il souligne que la main n’est pas un simple outil mais c’est  « l’outil des outils ». L’outil qui permet de créer une infinité d’autres d’outils.  Or la nature ne fait rien en vain (inutilement) et si elle a donné à l’Homme l’outil le plus polyvalent, c’est parce qu’il est capable de l’utiliser grâce à son intelligence plus développée.

 

Bergson au XXème siècle défend dans la perspective de l’évolution des espèce l’idée que ce sont les progrès des techniques qui ont suscité le développement de l’intelligence humaine . Il propose de nommer l’Homme "Homo faber" (créateur d’outil) plutôt qu’"Homo sapiens".  Plus les techniques  sont évoluées et plus l'Homme doit développer ses capacités intellectuelles pour pouvoir les exploiter.

 

 

III /Les dangers des progrès techniques

 

Si le progrès technique permet des progrès considérables dans de nombreux domaines, il comporte toutefois des aspects négatifs et des dangers.

 

1/ Progrès technique et l’exploitation de l’Homme

 

Marx oppose le travail de l’artisan et celui de l’ouvrier.  L’artisan maitrise son outil tandis que l’ouvrier est contrôlé par la machine. L’ouvrier est dépossédé de son travail car ses gestes sont simples et répétitifs et doivent suivre la cadence de la machine (travail à la chaine).  Le machinisme conduit ainsi selon Marx à l’aliénation du travail. L’ouvrier est devenu l’esclave de la machine qui appartient au détenteur du capital.

 

2/ Progrès technique et exploitation de la nature

 

Le progrès technique s’accompagne d’ une exploitation toujours plus importante de la nature.  La technique n'est alors plus considérée comme un rapport d'adaptation à l'environnement mais comme une « exploitation » de la nature comme l'explique Heidegger dans La question de la technique.  D’autre part les conséquences du progrès techniques ont des effets sur l’environnement (gaz à effet de serres, pollutions).

 

3/ Le progrès techniques et puissance

 

Le progrès technique augmente la puissance des Hommes mais cette puissance peut se retourner contre les Hommes eux-mêmes. (ex : guerres ).  

 

 

Conclusion :  Hans Jonas soutient que face au développement des techniques,  l’Homme doit donc mettre en œuvre un principe de responsabilité et que  les citoyens doivent pouvoir contrôler les  usages qui sont fait des technologies.