EXPLICATION DE TEXTE  N° 3

 

 

 

TEXTE :     « question légitime que celle là, j’en conviens ; aussi vais-je tenter d’y répondre (…)

 

Edition GF : page  90 (bas) à page 96 Et si vous vous interrogez maintenant ou plus tard sur ces causes, voilà ce que vous trouverez ».

 

Introduction

 

Situation du passage :

 

 Socrate a jusqu’ici tenté de répondre aux accusations anciennes qui se fondent principalement sur des rumeurs.  Pourtant il concède que, s’il ne s’était pas démarqué ni singularisé d’une certaine manière, alors il n’aurait sans doute pas attiré sur lui des soupçons et des calomnies. Socrate doit donc justifier son attitude, expliquer le rôle qu’il a joué à Athènes. 

 

Thème de l’extrait :

 Le passage est  autobiographique. Le thème principal concerne le rôle de Socrate dans la vie athénienne.

 

Thèse

 Socrate soutient qu’il a toujours agit pour le bien des athéniens même s’il est conscient d’avoir eu à endosser un rôle désagréable lorsque révèle au grand jour l’ignorance des hommes qui prétendent savoir.   Socrate oppose alors son ignorance lucide : « je sais que je ne sais pas » à la pire ignorance qui consiste à croire savoir alors qu’on est ignorant. 

  

Problématiques/questionnements :

 

 Quel a été le rôle de Socrate dans la cité athénienne ?  Le philosophe doit il s’occuper de la politique ?

 Pour expliquer, ce passage nous allons suivre le plan de l’extrait :

 1/ L’étrange révélation de l’oracle de Delphes  : Socrate est l’Homme le plus sage d’Athènes !

 2/ L’enquête de Socrate auprès des athéniens: 

                         2.1 Auprès des hommes politiques              

                        2.2 Des poètes.

                         2.3 Des artisans

 3/ Les imitateurs de Socrate

 

1/ L’étrange révélation de l’oracle de Delphes : Socrate est l’Homme le plus sage d’Athènes !

 Socrate relate l’origine de son questionnement et de son habitude d’interroger les autres Hommes sur ce qu’ils prétendent savoir.  En effet, ce qui singularise Socrate c’est qu’il passe son temps à discuter avec ses concitoyens pour les interroger sur ce qu’ils prétendent bien savoir.

 

Ainsi Socrate prétend s’instruire en discutant avec ceux qui affirment posséder un savoir pourtant face aux questions posées par Socrate, les interlocuteurs sont bien souvent dans l’incapacité de répondre de façon précise. Beaucoup sont pris dans des contradictions ou des paradoxes dès qu’ils commencent à vouloir répondre à ses questions découvrant ainsi que ce qu’ils pensaient bien connaître n’était pas si sur ou évident.  Socrate pousse ainsi les Hommes à réfléchir, à s’interroger et à remettre en question leurs certitudes.  Son attitude peut parfois agacer, énerver car il n’est jamais agréable de voir son ignorance éclater au grand jour.

 

Mais pourquoi Socrate agit-il de la sorte ?

 

Tout commence  d’après ce qu’il  déclare avec la révélation qui lui a fait l’oracle de Delphes. 

 

Chaque année, lors de cérémonies religieuses, les athéniens se rendent dans le petit sanctuaire de Delphes qui se trouve à quelques kilomètres d’Athènes. Ce temple est consacré au dieu Apollon.  Dans une grotte se trouve une prêtresse, la pythie. Celle-ci transmets les messages de dieu Apollon selon les croyances de l’époque. Les homme peuvent alors  poser une question au dieu par son intermédiaire mais la prêtresse répond le plus souvent par des paroles  énigmatiques.

 

C’est ce qui se passe avec Socrate :

 

Socrate explique qu’il s’était rendu avec son ami Chéréphon voir l’oracle de Delphes  , ce dernier avait alors poser à la pythie  la question suivante : « existe-t-il une personne plus sage que Socrate ? » et la pythie avait alors répondu que Socrate était le plus sage des hommes.

 

En sortant du temple, Socrate éprouva alors  un vif étonnement  car il avait bien conscience de ne pas être une personne qui possède beaucoup de connaissance, un savant comme pouvait l’être  des illustres personnages comme Thalès. Que voulait alors dire l’oracle ?  

 

L’origine de la recherche de Socrate est donc liée à ce qu’il interprète comme une révélation divine ce qui peut surprendre puisque l’enquête philosophique sur le savoir et la connaissance se trouve ainsi  rattachée à une forme de croyance.  Le point de départ du raisonnement philosophique ne se trouverait donc pas lui -même dans la raison et c’est un élément extérieur, souvent affectif , qui  initierait donc la réflexion. De même Platon utilise souvent des mythes comme point de départ d’un interrogation philosophique (ex : le mythe de Prométhée par exemple dans le Protagoras.)  Aristote affirme également que c’est l’étonnement qui pousse à réfléchir ce qui illustre très bien la situation de Socrate : il est étonné qu’on dise qu’il est le plus sage des Hommes car il a très bien conscience de ne pas savoir.   Socrate veut alors en le « cœur net » et commence à questionner les hommes sur ce qu’ils prétendent savoir.

 

2/ L’enquête de Socrate auprès des athéniens : 

 2.1  L’Homme politique :

 

Socrate commence son enquête en questionnant un homme politique. On peut supposer qu’il l’a entendu parler publiquement de sujets importants qui concerne la Cité. Les sujets concernant la justice, le bien, l’éducation sont omniprésents dans ces discours et les hommes politiques veulent convaincre ou persuader leurs auditoires qu’ils maitrisent bien ces sujets afin d’obtenir les suffrages du peuple.  

 

Socrate décide donc de questionner une de ces personnages et se rend compte que les beaux discours ne sont qu’une façade qui dissimule une ignorance réelle de ces questions. 

 

On trouve ici une opposition entre deux types de parole, deux façon d’utiliser le langage : 

 

  • Le discours construit sous forme d’un monologue composé de longues tirades  utilisées par les orateurs et des Hommes politiques lorsqu’ils montent à la tribune .

  • Le dialogue construit sur un échange de questions et de réponses.  Le dialogue pratiqué par Socrate  consiste à examiner un sujet en posant d’abord la question : « qu’est ce que ? » . Par exemple l’on parle de la justice, il faut commencer par chercher à définir ce qu’est la justice car beaucoup de personnes utilisent ce terme sans avoir préalablement pensé à le définir or dans ce cas ce sont les préjugés , les opinions communes qui orientent la réflexion.  Celui qui prétend savoir découvre alors la difficulté à définir clairement le sens d’un terme qui est pourtant familier ; ce qui devrait aussi le conduire à reconnaître son ignorance.  

 Socrate peut alors comparer la situation de ces personnes avec la sienne sur le plan des connaissances.

 

D’un côté, certaines personnes croient savoir mais son en réalité ignorantes (c’est le « croire savoir) et de l’autre côté il y a une ignorance lucide qui consiste à reconnaître son ignorance , c’est savoir qu’on ne sait pas.  Or pour Socrate la première situation est beaucoup plus préjudiciable car on ne fait aucune recherche.

 2.  Les poètes

 

 Socrate interrogent ensuite  les poètes et les rhapsodes qui passent de villes et villes.  Ils font des beaux discours et déclament des textes qu’ils connaissent par cœur mais quand Socrate leur demande d’expliquer leurs significations, ils en sont incapables.

 

Socrate en conclue qu’ils sont inspirés par les dieux ou par un don naturel mais qu’ils sont incapables de s’expliquer sur le sens de leurs paroles.  « Ces  gens-là en effet disent beaucoup de choses admirables mais ils ne savent rien des choses dont ils parlent » (p94)

  

2.3 Les artisans :

 

 Cette même enquête sur le savoir est réitéré par Socrate avec les artisans qui possèdent également une forme de savoir, le savoir faire technique. Socrate reconnaît s que ces personnes ont réellement des compétences (contrairement aux hommes politiques qui ne font que parler) ce qui renverse en quelque sorte les hiérarchies sociales mais Socrate s’aperçoit aussi que ces personnes prétendent connaître ce qui le bien de façon générale et sortent en quelque sorte de leurs domaines de compétence.

 

Le fabricant d’armes par exemple sait fabriquer des épées et des boucliers mais il en viendra rapidement à parler de l’art de la guerre en affirmant que c’est le plus beaux des métiers et qu’il est juste d’attaquer les ennemis d’Athènes. Ces personnes peuvent ainsi confondre le bien général et l’intérêt de leurs corporations.

  3 Les imitateurs de Socrate

  

Socrate reconnaît alors que lors de ces discussions de nombreuses personnes l’écoute parler en particulier des jeunes qui le suivent. Mais Socrate se défend de vouloir jouer un rôle de pédagogue, il ne leur demande rien et surtout pas d’argent. Pourtant certains jeunes veulent l’imiter et reproduisent avec leurs proches les discussions auxquelles ils ont assisté.  Cela donne une mauvaise image de Socrate qui passe pour être celui qui inspire aux jeunes l’envie de penser par eux-mêmes et par là même de dissoudre l’autorité des traditions qu’elles soient familiales ou sociales.

 

Conclusion

 On peut   conclure ce passage en indiquant l’interprétation que Socrate donne au message de l’oracle de Delphes :

 

S’il a été reconnu comme le plus sage des Hommes, c’est parce que lui au moins a conscience de son ignorance. Ce serait donc une leçon d’humilité et de modestie que l’oracle de Delphes voulait adresser aux Athéniens en désignant comme le plus sage d’entre eux celui qui confesse au grand jour qu’il ne sait rien.  C’est donc cette recherche sur la sagesse des Hommes qu’il a entreprise il y a bien des années déjà qui serait la cause véritable de son procès. Socrate en dévoilant au grand jour l’ignorance de ceux qui prétendent savoir s’est fait des ennemis qui aujourd’hui se retournent contre lui.