Résumé de l’Apologie de Socrate

 

L’Apologie se divise en trois parties bien distinctes.

 

Dans la première partie, Socrate se défend contre le réquisitoire[1] de ses accusateurs. Dans la seconde, il fixe sa peine car il a été jugé coupable ; dans la troisième, il indique aux juges qui l’ont condamné les dommages que cette décision pourrait leur causer et il s’entretient avec ceux qui l’ont acquitté sur les sujets de la mort et de l’au-delà.

 

 PREMIÈRE PARTIE. – Dès l’exorde[2] Socrate affirme qu’il est  entièrement ignorant des discours qu’il faut tenir face aux tribunaux. Aussi il se contentera de dire vérité en parlant comme il le fait habituellement. Il indique ensuite les deux grandes divisions de son plaidoyer[3] : il répondra d’abord aux calomnies[4]  anciennes propagées depuis longtemps contre lui ; il examinera ensuite les plaintes de ses accusateurs récents.

 

On l’accuse depuis des années de chercher à percer les secrets des mondes souterrains et célestes remettant en cause les croyances religieuses,  on l’accuse aussi de  renverser les valeurs de la société (de faire d’une bonne cause une mauvaise) et d’enseigner aux jeunes à le faire aussi. C’est ainsi que le poète comique Aristophane dans son œuvre les Nuées l’avait représenté sur la scène, se promenant dans les airs en prononçant toute sorte de sottises. Socrate soutient qu’il ne s’est jamais intéressé à ces questions, qu’il n’a jamais eu de disciples, à la manière des sophistes, qui font payer leurs leçons très cher, tandis que pour sa part, il  n’a jamais fait payer le droit d’assister à ses entretiens. 

D’où viennent donc ces rumeurs qui se sont propagées sur son compte  ? C’est qu’un jour, ayant été proclamé le plus sage des hommes par l’oracle de Delphes, il a voulu vérifier ce qui lui avait été révélé. Ilse mis à interroger les concitoyens qui étaient considérés comme les plus sages[5] : les hommes d’État, les poètes, puis les artisans. Il a découvert que ces personnes prétendaient avoir des connaissances mais que finalement ils étaient aussi ignorants que lui.  Il a ainsi reconnu qu’il était plus sage qu’eux puisqu’ il ne croyait pas savoir ce qu’il ignorait. Les différents interlocuteurs de Socrate se sont sentis « ridiculisés » et ils sont à l’origine de la mauvaise réputation de Socrate.   

Socrate examine ensuite les plaintes des accusateurs récents qui ont été soutenues par Mélétos, Anytos et Lycon.  Il entreprend d’abord de réfuter Mélètos et de faire voir aux juges qu’il ne s’est jamais préoccupé de l’éducation de la jeunesse. De même concernant les accusations d’athéisme, Mélétos parait se contredire. Socrate procède comme dans ses entretiens habituels et, par une série de questions habiles, il réduit son adversaire à des contradictions.  

 

Mais pourquoi Socrate se livre-t-il à des occupations qui le mettent en danger ? C’est parce qu’il obéi en quelque sorte à la mission de l’oracle de Delphes.  Il doit aider ses concitoyens à s’améliorer sur le plan moral, et, tant qu’il aura un souffle de vie, il s’attachera comme un « taon »[6] aux Athéniens pour les piquer et les exciter à la vertu. Cependant s’il veut servir les véritables intérêts de ses concitoyens, pour quelle raison ne fait il pas de la politique ? C’est que sa conscience, son ange gardien[7],  l’en a détourné, et avec raison ; car avec sa franchise et son attachement aux lois, il n’aurait pas vécu longtemps.  Socrate affirme qu’il n’a jamais rien fait de contraire à la justice,  

 

Socrate a dit ce qu’il avait à dire pour sa défense. Il s’en tiendra là : il ne recourra pas, comme les autres accusés, à des supplications qui sont indignes de lui et indignes des juges, lesquels ne doivent pas céder à la pitié, mais n’écouter que la justice. Il s’en remet donc aux juges et à Dieu de décider ce qu’il y a de mieux pour eux et pour lui.

 

DEUXIÈME PARTIE. – Après ce plaidoyer, les juges votèrent et Socrate fut déclaré coupable par une courte majorité de soixante voix. Dans les procès comme celui-ci, où la loi ne fixait pas la peine, l’accusateur en proposait une, et l’accusé, s’il était déclaré coupable, en proposait une autre, et le jury choisissait l’une ou l’autre, sans pouvoir y rien changer. Les adversaires de Socrate requéraient la mort. Invité à fixer sa peine,  il estima, lui, qu’au lieu d’une peine, ses services méritaient une récompense, et il demanda à être nourri gratuitement aux frais de la Cité. Toutefois il accepte de verser une amende sous la pression de ses amis qui proposent de verser l’argent.

 

TROISIÈME PARTIE. –  Socrate est condamné à mort. Socrate s’adresse une dernière fois aux juges. Il s’adressa d’abord à ceux qui l’avaient condamné et s’étaient ainsi chargés d’un crime inutile. Il s’adressa ensuite à ceux qui l’avaient voter en sa faveur et les rassura sur son sort. La mort, leur dit-il, ne saurait être un mal pour lui. La voix prophétique ne l’avait point arrêté au cours du procès : c’est donc qu’elle approuvait ce qui allait se passer. Et en effet pourquoi craindrait-il la mort ? Si c’est un sommeil, c’est un bonheur. Si c’est un passage dans un autre lieu, où l’on doit rencontrer les héros des temps passés, quel plaisir ce sera de converser avec eux ! Aussi n’a-t-il point de ressentiment contre ceux qui l’ont condamné. Enfin, avant de prendre congé d’eux, il recommande aux Athéniens de traiter ses enfants comme il a traité lui-même ses concitoyens.

 



[1] Dans son sens général, le réquisitoire est l’exposé oral ou écrit d’accusations adressées à une personne.

Le terme à aussi un  sens précis dans le vocabulaire juridique.

 

[2]  Terme synonyme d’introduction  si on l’utilise dans un sens général et non technique. Sur le sens précis d’exorde : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exorde

 

[3]  Discours de défense ou écrit en faveur de quelqu’un, d’une idée.

 

[4] Accusation fausse, mensonge qui attaque la réputation, l'honneur

 

[5] Le terme « sage » comporte plusieurs sens. Dans l’apologie, ce termel désigne surtout une personne qui a  soit des connaissances générales soit  des compétences dans un domaine particulier.

 

[6] Insecte qui ressemble à une grosse mouche et  dont la piqure est très douloureuse.

 

[7] Socrate fait souvent référence à son daimon (démon) dont la « voix » lui dit  ce qu’il ne doit pas faire. Comment comprendre cette idée ? On pourrait simplement dire que c’est la voix de sa conscience ou bien que c’est son « ange gardien » pour prendre une image qui nous est plus familière.