FICHE   DE REVISON  LA RELIGION

 

 Que l’on soit croyant ou non, on peut reconnaitre que la religion est un fait social et culturel important dans le monde. Toutefois le terme religion pris au singulier risquerait de masquer les différences importantes qui existent entre les différentes croyances. Quel est le dénominateur commun entre l’animisme[1], les religions polythéistes et monothéistes ? Sans compter que certaines personnes peuvent avoir une foi en Dieu sans admettre pour autant toutes les idées transmises par une religion.  Cette distinction a d’ailleurs conduit les philosophes des lumières à établir une différence entre la religions révélée (Les religions du Livre) et une religion naturelle qui serait fondée sur la raison de l’Homme.  

L’importance de la religion dans les sociétés conduit à réfléchir sur son impact concernant la liberté et le bonheur des Hommes. La religion rend elle l’Homme plus heureux et plus libre ou bien est-elle une source de souffrance et d’aliénation ? La religion ne risque-elle pas d’être instrumentalisée à des fins politiques ?  

 

  I/ Les caractéristiques de la religion :

 

 1/ La religion comme fait social : 

 

 A/ La distinction entre le sacré et le profane

 

L’historien Mircea Eliade établit que la religion se réfère toujours à l’expérience du sacré.  Ainsi l’attitude religieuse se caractérise ainsi par une séparation entre deux univers :  le profane et le sacré.   Les choses sacrées sont celles que des interdits protègent et isolent et les choses profanes étant celles qui ne font pas l’objet d’interdits particuliers.  Le passage d’un domaine à l’autre est marqué par des rituels de purification pour entrer en contact avec le sacré sans le profaner  (manquer de respect à des éléments sacrés). D’ailleurs tout le monde n’est pas autorisé à s’approcher ou toucher des éléments sacrées. (reliques, livres, objets…)

 

B/ Un ensemble de rites

 

La croyance religieuse est associée à un ensemble de pratiques culturelles : prières, cérémonies, rituels, fêtes qui regroupent des fidèles au sein de communautés.  Pour Durkheim, la religion est donc u phénomène social et le terme « religion » ne pourrait pas être utilisé si une croyance n’était pas partagée à l’échelle d’un groupe. Mais peut-on sur ce critère distinguer religion et une secte ?

 

C/ Des règles à respecter

 

Dans de nombreuses sociétés les normes et valeurs du groupe social sont en grande partie liée à la religion. (Exemple : les règles du mariage). Ces règles sont-elles  favorables ou défavorables à la liberté ?

 

2/ La religion : un système de croyance

 

A/ Un Dieu, des divinités

 

Ce qui caractérise la religion c’est la croyance en l’existence d’une ou de plusieurs puissances supérieures aux Hommes.  Ces puissances peuvent prendre la forme de plusieurs divinités ou d’un Dieu. L’Homme admet ainsi qu’il existe autre chose que ce qu’il peut voir dans le monde matériel.  Dans les religions monothéistes la croyance porte plus précisément sur l’existence d’un Dieu transcendant, créateur du monde et sur l’immortalité de l’âme.

 

 B/ La foi

La croyance dans le domaine religieux prend le nom de foiLa foi est une croyance personnelle qui ne s’appuie pas nécessairement sur des preuves rationnelles. La foi distingue le « véritable » croyant de celui qui suit la religion uniquement par convention sociale.   La foi peut être perçue soit comme une force soit comme une faiblesse en fonction de la position que l’on a envers la religion. Pour Blaise Pascal, il faut faire le pari que Dieu existe car s’il existe, on a tout à y gagner et s’il n’existe pas on n’a rien à perdre.

 

II Philosophie et religion

 

La philosophie se caractérise par l’usage de la raison. On pose alors le problème du rapport entre la raison et la foi.  Trois possibilités apparaissent :

 

1/ La raison au service de la foi

 

Plusieurs philosophes cherchent à prouver par les lumières naturelles (la raison) l’existence de Dieu.

Descartes apporte un raisonnement connu sous le nom d’argument ontologique[2].On peut le résumer sous forme d’un syllogisme :  Dieu est l’être qui a toutes les perfections, or l’existence est une perfection donc dieu possède l’existence.

Leibniz cherche aussi à établir l’existence de Dieu en montrant que la complexité et de la diversité du monde physique (qui apparait dans les lois physiques) ne peuvent pas avoir être produite par le hasard mais doivent avoir été créés  par une intelligence supérieure à celle de l’Homme.

 

2/ La raison contre la foi

 

Spinoza critique le caractère anthropomorphique [3]de la croyance que l’on trouve à la fois dans les religions des grecs et des romains (les dieux sont des Hommes avec des super pouvoirs mais avec les mêmes défauts) mais qui est aussi présente selon lui dans les religions monothéistes (attribuer une volonté à Dieu, c’est encore lui attribuer une caractéristique humaine).

 

D’autres auteurs mettent en avant l’existence du mal pour douter de l’existence de Dieu. Si Dieu est un être bon et tout puissant pourquoi laisse-t-il le mal exister ? Le « silence » de Dieu est interprétée par les penseurs athées comme un signe de son inexistence.

 

3/ Les limites de la raison et de la foi

 

Kant cherche à établir les frontières de la raison et de la foi. Il examine les limites de la raison humaine et montre que dès que la raison aborde les sujets qui sont au-delà de toute expérience possible, (Dieu, l’immortalité de l’âme) alors elle ne fonctionne plus correctement. La raison ne doit pas traiter ces sujets sous peine de tomber dans des contradictions insolubles. Ainsi la science qui est fondée sur la raison ne doit pas pas traiter des questions métaphysiques[4].   A l’inverse, la foi ne doit pas empêcher la science d’expliquer le monde naturel à partir des seules lois physiques (ce que prétendait faire l’Eglise par exemple avec la condamnation de Galilée qui soutenait le système héliocentrique[5] alors que l’Eglise défendait le système du géocentrisme).

 

 

 III/ Les critiques de la religion

 

-Nietzsche critique les interprétations de la religion destinées selon lui à crée une conscience coupable chez l’Homme avec idées de péché originel, de culpabilité liée aux plaisirs. La souffrance serait alors le seul moyen d’expier les fautes. Cette interprétation va à l’encontre des plaisirs et de la vie en général.

-Marx  dénonce le fait que la religion est instrumentalisée par la classe dominante pour faire accepter aux personnes exploitées une existence misérable.    Il résume son idée avec une phrase célèbre : « La religion, c’est l’opium du peuple » ; la religion agit comme une drogue qui permet à l’esprit de s’évader vers un monde meilleur. Ainsi les Hommes attendent une vie après la mort pour ne plus souffrir alors qu’il faudrait agir ici et maintenant pour créer les conditions d’une vie heureuse sur terre.

 -Freud est plus mitigée sur la religion, il considère qu’elle relève d’une une illusion mais que celle-ci est réconfortante (idée d’une vie après la mort, d’une justice divine).   

 

 

 



[1] L’animisme (du latin animus, originairement « esprit », puis « âme ») est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi qu'en des génies protecteurs.

[2] Ontologique : qui à un rapport avec la nature ou l’être d’une chose.

[3] L’anthropomorphisme est l’attitude qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines à ce qui n’est pas humain.

 

[4] Métaphysique : Qui concerne des sujets qui sont au-delà de l’expérience possible. (Dieu, l’existence de l’âme).

[5] Héliocentrisme : modèle astronomique défendu par Copernic et Galilée dans lequel c’est le soleil qui tourne autour de la terre opposé au géocentrisme, modèle défendu par l’astronome Ptolémée et par l’Eglise dans lequel la terre est le centre de l’univers.